Le commerce électronique: une activité prometteuse

Le commerce électronique demeure peu développé, en dépit d’un chiffre d’affaires de 42,3 millions de dinars, réalisé au cours des huit premiers mois de 2012, soit une croissance de plus de 55% par rapport à la même période de 2011, indiquent les statistiques du ministère du commerce sur cette activité.

Selon les résultats préliminaires d’une enquête, effectuée en mai 2012, par le ministère du commerce, sur « le comportement du consommateur tunisien en matière de commerce électronique » le manque de compétitivité des prix et l’absence d’un financement adéquat des projets du  commerce électronique sont les principales causes de la faiblesse du secteur.

La réticence des tunisiens à acheter en ligne est principalement due aux prix proposés par les sites marchands et jugés peu attractifs par rapport à ceux affichés dans le circuit traditionnel, a fait savoir, M.Lazhar Bennour, directeur du développement du commerce électronique et de l’économie immatérielle, au ministère du commerce, lors d’un entretien accordé à la TAP.

Il a rappelé que l’objectif de l’enquête est de connaître la taille réelle du marché, vu que les jeunes promoteurs, désireux de s’adonner à cette activité (e- commerce), « ne disposent pas de données et d’indicateurs sur la demande locale (consommateurs actuels et potentiels par rapport à l’offre) ».

Les internautes dont le nombre, en Tunisie, est estimé à 4 millions sont, à ce titre, des consommateurs en ligne potentiels, d’autant que, selon l’enquête, plusieurs tunisiens seraient intéressés par l’achat en ligne, a affirmé le responsable.

Dans ce contexte, l’enquête a révélé que les consommateurs dont le revenu est supérieur à 1000 dinars par mois sont les plus disposés à acheter en ligne.

Par catégorie d’âge, les jeunes, âgés de moins de 35 ans, seraient les plus tentés par le recours au e-commerce et ce, indépendamment du genre.

Par région, les consommateurs du Grand Tunis sont les plus enclins à vouloir s’approvisionner en ligne, suivis de ceux des régions du Sahel, de Sfax et du Sud-Est.

    Les sites marchands:problématiques et solutions

Les difficultés rencontrées par les propriétaires des sites marchands ont, également, été passées en revue par l’enquête.

Il s’agit essentiellement de problématiques liées au financement, parmi lesquelles il y a lieu de citer celles relatives à l’accès au crédit bancaire, l’absence d’incitations fiscales et de lignes de crédits consacrées au e-commerce.

Le responsable a, en outre, évoqué l’absence d’un service après-vente,  assurant la maintenance des marchandises acquises en ligne, en plus du quasi-monopole du service Rapide poste pour la livraison de ces marchandises, et « dont les tarifs élevés augmentent énormément les factures de l’e-commerce », a-t-il poursuivi.

Pour M.Bennour, un projet réussi de e-commerce ne se limite pas au développement d’un site de vente en ligne mais consiste en la mise en place de toute une stratégie de marketing et de communication sur les sites et produits à commercialiser afin de mieux se faire connaître auprès des consommateurs.
Le responsable estime que « la Tunisie accuse un retard énorme en matière de e-commerce par rapport à des pays comparables, tels que le Maroc,  la Turquie et la Jordanie, alors qu’elle était, en 1999, le premier pays de la rive sud-méditerranéenne à s’intéresser au e-commerce ». Cependant,
a-t-il ajouté, le nombre des sites électroniques actifs qui utilisent la plateforme de paiement au niveau de la Société Monétique de Tunisie (SMT) et de la Poste Tunisienne, a atteint 687 sites, jusqu’au mois d’août 2012, contre 578 au cours de la même période de 2011″ a avancé M.Bennour.

« Les sites marchands nationaux lesquels vendent différents produits et services (livres, fournitures scolaires, grandes marques, inscriptions universitaires en ligne, paiement de factures, agences de voyages…) « sont les plus sécurisés au monde », a-t-il souligné.

Bennour a rappelé que le ministère a arrêté une feuille de route pour dynamiser le e-commerce. Celle-ci est axée sur la diffusion de la culture du commerce électronique tant auprès du promoteur que du consommateur.

Il s’agit, dans ce contexte, d’encourager les grands distributeurs à vendre en ligne.

Par ailleurs, a-t-il préconisé, l’Etat doit donner l’exemple en termes d’utilisation d’Internet en tant que moyen pour s’approvisionner en incitant, à titre indicatif, ses fournisseurs à utiliser Internet lors des achats publics.

Il a mis l’accent sur la nécessité de développer le commerce électronique Business to Business (entre professionnels nationaux et internationaux), lequel constitue une porte d’accès au commerce international, notamment dans les secteurs de l’industrie automobile, des IME (Industries Mécaniques et Electroniques) et du textile.

M.Bennour a souligné l’intérêt que les sociétés off shore portent à la vente en ligne, à partir de la Tunisie, d’autant qu’elles ont relevé, qu’en dépit de la crise, le e-commerce a cru de 18% à l’échelle mondiale contre 10 et 16%, pour le commerce traditionnel.

Toutefois, a-t-il dit, des problèmes persistent pour ces sociétés, notamment au niveau de la réglementation tunisienne.

    e-commerçants et cyberacheteurs:des avis mitigés

Aymen, jeune étudiant, a souligné qu’il n’a pas confiance en l’achat en ligne par peur du vol du code de sa carte bancaire. Par conséquent « je charge ma carte e- dinar juste en cas de besoin, surtout pour l’inscription en ligne, le paiement de mes factures ou la recharge de mon téléphone portable », a-t-il expliqué.

Sana, jeune fonctionnaire, a souligné qu’elle déniche des promotions sur les sites marchands, notamment pour ce qui est de l’achat d’objets décoratifs, relevant, néanmoins, que ces sites ne disposent pas de services de livraison, s’interrogeant par conséquent sur les avantages de l’e-commerce.

Pour sa part, Mme Hanen a précisé qu’elle préfère se déplacer et aller faire son shopping dans les magasins plutôt que recourir à l’achat en ligne, du fait de son manque de confiance en la qualité des produits acquis à distance. Elle a ajouté que les sites marchands étrangers incitent à acheter en ligne (promotions, cadeaux et offres) tandis que les sites tunisiens présentent les mêmes prix que ceux proposés par les circuits de vente classique.

« Il m’est arrivé de commander un article en ligne et j’ai payé le montant demandé mais le commerçant m’a envoyé ensuite un message m’informant que l’article en question est en rupture de stock et j’ai du attendre un mois pour récupérer mon argent », a-t-elle dit outrée.

Contacté par la TAP, M.Adnene Ayed, Directeur des technologies à l’agence de voyage Traveltodo, a fait savoir que l’agence réalise 62% de son chiffre d’affaires via les réservations en ligne. Seulement 12% de ces 62% se font avec un paiement en ligne, a-t-il ajouté.

En effet, le cyberacheteur fait face à des problèmes logistiques, liés aux banques, concernant les plafonds d’achats des cartes bancaires pour les transactions en ligne, a expliqué M.Ayed.

« Nos clients ne peuvent pas payer la totalité de leur séjour et doivent passer sur place pour finaliser l’opération, ce qui supprime l’avantage principal de l’achat en ligne, à savoir le fait de ne pas devoir se déplacer »

 

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