Femmes en Tunisie : majoritaires à l’université, minoritaires dans l’emploi

Femmes en Tunisie : majoritaires à l’université, minoritaires dans l’emploi

Femmes : Les statistiques sur le marché de l’emploi en Tunisie font ressortir des inégalités face au chômage aux dépens des femmes diplômées du supérieur qui sont majoritaires sur les bancs de l’université et minoritaires dans l’emploi.

Près des deux tiers des chômeurs diplômés d’université sont des femmes. Sur un total de 223,7 mille diplômés chômeurs recensés, au cours du 4e trimestre 2011 (statistiques de l’Institut national des statistiques – INS), 145,2 mille sont des femmes et 78,5 mille hommes.

Le taux de chômage des femmes en Tunisie, au cours de cette même période, s’élève à 28,2 pc, contre 15,4 chez les hommes, avec une hausse de 0.8 point pour les femmes et de 0.4 pour les hommes, par rapport au trimestre précédent (INS).

Par contre, les filles ayant obtenu leur diplôme d’enseignement supérieur, en 2010-2011, sont plus nombreuses que les garçons, avec 48194 contre 25453.

Sur les bancs de l’université, le nombre d’étudiantes représente 62 pc de l’effectif global.

Emploi des femmes : entre ambition et réalité Yeux rivés sur les affiches collées aux murs, une jeune fille, la trentaine, examine minutieusement les offres présentées au bureau de l’emploi de Tunis.  Comme elle, les filles sont nombreuses dans cet espace à la recherche d’un emploi.

Safa, la trentaine, diplômée en documentation depuis 2003, a frappé à plusieurs portes mais la réponse est toujours la même :« les postes sont occupés, revenez une autre fois. »

« Les offres d’emploi sont destinées aussi bien aux filles qu’aux garçons, à l’exception de quelques métiers où on précise le genre à l’instar du poste de secrétaire destiné généralement aux femmes. », affirme M. Slah Mdini, chef du bureau de l’emploi, à Tunis.

Sur le plan législatif, la loi interdit la discrimination entre hommes et femmes au niveau des emplois. Mais en réalité, « Les femmes peuvent être exclues à cause de leur rôle familial (prise en charge des enfants, congé de maternité) notamment dans le secteur privé », affirme Mme Fatma Moussa, directrice de l’observatoire national de l’emploi et de la qualification.

Elle admet qu’il existe un manque énorme en matière d’études sur la présence de la femme sur le marché de l’emploi et les difficultés qu’elle rencontre au niveau du recrutement.

On enregistre, également, une absence de coordination entre les ministères directement concernés (ministères des affaires de la femme, de l’emploi et des affaires sociales), précise Mme Moussa. Aussi, les politiques de l’emploi n’intègrent pas le concept genre, en dépit de la conscience de l’ampleur du problème, signale-elle.

Néanmoins, l’inégalité face au chômage s’expliquerait, entre autre, par le choix de la filière d’études : les taux de présence des filles dans les filières littéraires sont plus élevés que ceux dans les filières techniques et scientifiques, précise Mme Moussa.

De même, des disparités de salaires entre hommes et femmes sont relévées au niveau du secteur privé.

Selon une étude réalisée, en 2007, par le ministère de la formation professionnelle et de l’emploi, en collaboration avec la Banque Mondiale, intitulée « Dynamique de l’emploi et adéquation de la formation parmi les diplômés universitaires », l’écart des salaires atteint 41 pc chez les hommes et 48 pc chez les femmes.

Cette étude, qui traite implicitement de l’inégalité hommes-femmes sur le marché de l’emploi, se base sur un échantillon de 4763 diplômés du supérieur, promotion 2004.

Ces derniers ont été suivis pendant trois ans et feront l’objet d’une nouvelle étude prévue en septembre 2012.

Des mécanismes pour institutionnaliser l’approche genre Au niveau du ministère des affaires de la femme, des mécanismes et des plans d’action seront mis en place afin « d’institutionnaliser » l’approche genre et inciter à prendre en considération cette approche dans l’élaboration des stratégies nationales, signale Mme Imen Zahwani Lahouimel, directrice générale de la femme et de la famille.

Et d’ajouter : « Nous veillerons à renforcer la coordination entre les différents ministères afin de faciliter l’insertion  professionnelle de la femme. ».

Un projet d’appui aux initiatives régionales féminines sera mis en place dans huit gouvernorats de l’intérieur (notamment les régions prioritaires), projet visant l’insertion économique des femmes, notamment les filles diplômées du supérieur, affirme-t-elle.

Une structure de gestion sera créée au niveau du ministère des affaires de la femme afin de piloter et d’assurer le suivi de ce projet, fait savoir la responsable.

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